
Nadia Aït-Saïd est originaire de la Gaspésie. Elle partage son temps entre la mer gaspésienne, la métropole montréalaise et de fréquents séjours à l'étranger. Depuis plus d'une décennie, parallèlement à sa pratique artistique, elle approfondit les philosophies orientales appliquées, sagesses vivantes, plus particulièrement celles de la tradition tibétaine. Ainsi, ses deux parcours s'enchevêtrent avec souplesse, s'interpellent et se nourrissent l'un l'autre sur un même territoire d'intériorité.
Ouverture, silence et présence sont au coeur de sa démarche. Toute sa recherche tend vers une compréhension de l'identité en lien avec l'impermanence. Origine est le titre qu'elle a donné à l'ensemble de son parcours artistique. La texture-matière traversant son oeuvre illustre métaphoriquement cette notion de l'essence qu'elle tente de cerner. Constituée de papier plissé, marouflé et teint, elle confère à son travail cette facture atemporelle où se conjuguent avec grâce accents bruts et modernité.
Se greffent à cette texture-matière des matériaux altérés, qu'elle sait tantôt cueillir, tantôt recevoir telles des offrandes : drapeaux tibétains vieillis par les intempéries, argile, cendre d'encens, bois de plage, métal rouillé, morceaux de tissu déjà portés, bribes d'écrits, etc. Chez elle, le geste de la main cueilleuse et reconnaissante se fait rituel, convie le coeur à une communion avec le mouvement perpétuel, avec l'impermanence de toutes chose. L'artiste moule, assemble, coud, maroufle et grave, magnifiant les trouvailles qui deviennent, dans un cadre minimaliste, invitation au dépouillement et à l'introspection.
Sa production est constituée de tableaux-relief et d'installations immersives. Plus récemment, la performance et la vidéo lui ont ouvert d'autres voies. Animée par un grand désir de partage, elle incite aussi régulièrement la communauté à collaborer à l'œuvre en cours. Ses œuvres ont été diffusées dans différents lieux d'exposition : centres d'artistes, maisons de la culture, musées, galeries et ambassades, et ce, au Canada, aux États-Unis, en France, en Belgique et au Japon. Elles font de plus partie de collections privées au Québec et en Europe ainsi que de collections publiques, notamment, la Collection Loto-Québec, à Montréal.
En 2012, Nadia Aït-Saïd obtenait une bourse du CALQ-CRÉ pour la réalisation de son installation ENGRAMME, qui conclut un cycle de dix ans de recherche et de création et s'inscrit donc dans sa démarche comme une oeuvre charnière. ENGRAMME a été présentée au Musée de la Gaspésie en 2013 et au centre d'exposition d'Amos en 2014. L'installation a été retenue comme œuvre finaliste pour le Prix du CALQ - œuvre de l'année en Gaspésie en 2014. Elle circulera en 2015-2016 dans plusieurs lieux de diffusion de la province, notamment au Centre d'exposition Lethbridge de Ville St-Laurent et à la Maison de la culture Mercier à Montréal.
Récipiendaire d'une bourse du CALQ-CRÉ en 2015, pour son nouveau projet MADRAS, l'artiste oriente actuellement son travail vers une démarche davantage relationnelle et participative. Ce projet d'installation ouvre de nouveaux champs d'exploration et sera réalisée à partir de milliers de foulards qu'elle recueille actuellement à travers le monde.